Il y a des périodes où tout semble bien aller : votre bébé dort paisiblement, les nuits sont plus longues, les siestes s’enchaînent à peu près correctement… et puis, du jour au lendemain, tout bascule. Bébé se réveille à nouveau plusieurs fois par nuit, pleure au moment du coucher, les siestes deviennent chaotiques. Vous vous sentez perdu, vidé, et vous vous demandez ce qui a changé. Ce que vous vivez a un nom : la régression du sommeil.
Ces phases, bien que déstabilisantes, sont naturelles et font partie intégrante du développement de votre bébé. Comprendre à quel âge elles surviennent, pourquoi elles apparaissent et comment les accompagner peut vous aider à traverser ces moments avec plus de sérénité.
Qu’est-ce qu’une régression du sommeil ?

La régression du sommeil désigne une période, souvent soudaine, où un bébé qui dormait relativement bien commence à avoir plus de difficultés à s’endormir ou à rester endormi. Cela peut se traduire par des réveils nocturnes plus fréquents, des siestes écourtées ou refusées, et une grande irritabilité liée au manque de repos.
Ces changements ne sont pas des « caprices » ni un retour en arrière. Au contraire, ils sont souvent le signe que votre bébé est en plein bouleversement, qu’il grandit, qu’il apprend, qu’il évolue. Son sommeil se réorganise pour s’adapter à ces nouvelles étapes.
Les âges clés des régressions du sommeil
Les régressions du sommeil ne suivent pas une règle stricte et peuvent varier selon les enfants. Néanmoins, certaines périodes reviennent très souvent chez une majorité de bébés. Voici les principales.
Autour de 4 mois : la première grande réorganisation du sommeil
C’est probablement la plus marquante et la plus déstabilisante pour les parents. Vers 3 à 4 mois, le sommeil de bébé change profondément. Il passe d’un schéma de nouveau-né très simple à un sommeil plus structuré, plus proche de celui des adultes, avec plusieurs cycles comprenant différentes phases : sommeil léger, profond, paradoxal.
Cela signifie que bébé se réveille davantage entre chaque cycle. Et s’il ne sait pas encore comment se rendormir seul, il appellera — parfois plusieurs fois dans la nuit. Il peut aussi avoir besoin d’aide pour s’endormir à nouveau, là où auparavant il se rendormait sans difficulté.
C’est une période normale, qui peut durer quelques jours à quelques semaines. Elle marque une étape clé dans la maturation du système nerveux.
Vers 8-9 mois : angoisse de séparation et éveil moteur
Autour de 8 ou 9 mois, une autre régression du sommeil peut survenir, souvent liée à un grand pas dans le développement émotionnel : l’angoisse de séparation. Bébé comprend qu’il est une personne distincte de son parent, et cette prise de conscience peut être à la fois passionnante et effrayante.
Il peut avoir du mal à s’endormir sans vous, se réveiller en pleurant pour s’assurer que vous êtes toujours là, et refuser de rester seul dans sa chambre.
Parallèlement, il développe de nouvelles compétences motrices comme le fait de ramper, de se mettre debout ou de marcher à quatre pattes. Son cerveau est en ébullition, et il est parfois difficile de « couper » et de se laisser aller au sommeil.
Aux alentours de 12 mois : l’entrée dans la petite enfance
Vers un an, votre enfant entre dans une nouvelle phase de son développement : il marche peut-être, il parle un peu, il veut faire les choses par lui-même. Cette envie d’autonomie, très positive, peut parfois se heurter à l’étape du coucher. Il peut refuser d’aller dormir, lutter contre la fatigue, ou tester les limites.
Le sommeil est aussi parfois perturbé par des poussées dentaires, des petits maux ou un changement dans l’environnement (entrée en crèche, déménagement…). Il s’agit souvent de régressions temporaires, mais qui peuvent vous mettre à rude épreuve.
Vers 18 mois : affirmation de soi et éveil émotionnel
C’est l’âge des premières grandes affirmations. L’enfant découvre qu’il a un pouvoir sur son environnement, sur vous aussi. Il peut dire non, repousser l’heure du coucher, réclamer encore un câlin, encore une histoire, encore un biberon.
C’est aussi une période de développement émotionnel intense. Il vit de nouvelles peurs, rêve davantage, commence à imaginer des choses. Les réveils nocturnes peuvent devenir plus chargés en émotions, parfois accompagnés de pleurs, de colères ou de cauchemars.
Vers 2 ans : tempête émotionnelle et transitions
La régression du sommeil autour de 2 ans est liée à de nombreux facteurs : développement du langage, acquisition de la propreté, besoin de contrôle, mais aussi peurs nocturnes et rêves plus vivants. Votre enfant devient un petit être complexe, qui ressent beaucoup de choses et ne sait pas toujours comment les exprimer.
S’il commence à passer dans un lit de grand ou s’il abandonne progressivement la sieste, le rythme de sommeil global peut être perturbé pendant quelques semaines.
Comment accompagner ces périodes sans s’épuiser ?

La première chose à retenir, c’est que ces régressions sont passagères. Même si elles peuvent durer plusieurs semaines, elles ne sont pas éternelles. Votre bébé n’a pas « perdu » ses acquis. Il est simplement en train de traverser une période de grande transformation.
Pendant ces phases, l’essentiel est de maintenir un cadre sécurisant. Conservez les routines, même si elles doivent être un peu ajustées. Offrez-lui votre présence rassurante sans pour autant bouleverser tout son rythme. Par exemple, si vous recommencez à l’endormir au bras, faites-le consciemment, en gardant en tête que cela reste temporaire.
Tentez de rester à l’écoute de ses besoins, tout en prenant soin des vôtres. Ce n’est pas toujours facile, surtout quand les nuits sont très entrecoupées. Si vous sentez que vous êtes au bout de vos ressources, demandez de l’aide : à votre entourage, à un professionnel de la petite enfance, ou même à un coach en sommeil si besoin.
Il est aussi important de vous autoriser à dire que c’est difficile. Car oui, accompagner un bébé ou un jeune enfant dans ses phases de régression du sommeil, cela demande beaucoup de patience, de bienveillance et de lâcher-prise.
Conclusion : des phases normales dans une trajectoire de croissance
Les régressions du sommeil sont des jalons dans la construction de l’enfant. Elles sont souvent inconfortables, mais elles sont le signe que quelque chose bouge, que l’enfant se développe, qu’il avance.
À 4 mois, 8-9 mois, 12 mois, 18 mois ou 2 ans, ces phases ne sont pas là pour vous tester, mais pour permettre à votre bébé de franchir des caps essentiels. En les comprenant et en les accueillant avec douceur, vous l’aidez à grandir en confiance… tout en prenant soin de vous.